Tigu et les femelles orangs-outans : sujets d’une étude éthologique
L’arrivée d’un animal est toujours un événement dans un parc zoologique alors imaginez quand il s’agit d’un Grand Singe à la face ronde, au regard doux, aux longs poils roux. Vous avez deviné ? Oui, aujourd’hui on vous parle d’orang-outan, de Tigu le mâle récemment arrivé à Beauval et plus précisément de sa rencontre avec la gent féminine !
En savoir plus sur les orangs-outans
Tigu est un mâle reproducteur arrivé début juin 2022 à Beauval en provenance du zoo de Sóstó en Hongrie. L’accueil de l’orang-outan s’est fait quelques mois après la disparition de Muda le 30 novembre 2021, animal phare mort après 27 ans de vie au ZooParc. Héberger un nouvel individu dans un groupe constitué n’est pas toujours facile et évident. À la période d’acclimatation de l’animal dans son nouvel environnement (espaces extérieurs et intérieurs, soigneurs…) s’ensuit une période de mise en contact avec ses congénères. C’est ce qui s’est produit pour Tigu qui a fait connaissance très progressivement avec les 3 femelles du groupe* : Manis (32 ans), Sabah (fille de Manis, 7 ans) et Christina (36 ans). Ce travail de longue haleine a donné lieu à une étude menée par un stagiaire en éthologie entre septembre et novembre 2022. Elle a eu pour objectif d’observer le comportement du nouveau mâle envers les trois femelles et aussi de suivre le comportement des femelles pour s’adapter aux réactions de chacun, afin de mieux comprendre la structure sociale et leurs relations souvent complexes.
Durant deux mois d’observations quotidiennes des orangs-outans, le stagiaire a quantifié, analysé, décrypté leur comportement, l’évolution des relations, les progrès ou les réticences. Il en résulte de bonnes nouvelles : la mise en contact progressive des individus s’est bien passée ! Chaque femelle, selon son caractère, a accepté la présence de ce nouveau mâle potentiel reproducteur. La jeune femelle Sabah, plus sociable du fait de son âge, a été la première et la seule à aller d’elle-même au contact de Tigu. Elle a passé beaucoup de temps au début de la mise en contact à jouer avec lui. Manis, sa mère, est plus méfiante et garde un comportement de protection envers Sabah. Son nombre d’interventions a diminué avec le temps. Christina a, peu à peu, accepté de plus en plus la proximité de Tigu jusqu’à l’observation d’un accouplement. Au bout de quelques mois, Tigu a donc trouvé sa place et reste en permanence avec les femelles. Le groupe est visible chaque jour dans la serre des Grands Singes ou sur leur île.
Le territoire des orangs-outans
Retrouvez dans nos Brèves de Beauval des images de la mise en contact de Tigu avec les femelles, commentées par Manon, responsable du secteur Primates.
Ces études éthologiques sont fondamentales pour analyser le comportement des animaux vivant en parc et contribuer ainsi à renforcer le bien-être animal. Le ZooParc de Beauval accueille régulièrement des étudiants pour effectuer des études éthologiques (Master 1 et 2, L3). Ils sont encadrés par le service Sciences, Espèces animales et Conservation du ZooParc et par Baptiste Mulot, directeur de la recherche pour Beauval Nature. Ils travaillent en lien avec les équipes de soigneurs des différents secteurs.
Les conclusions de ces études proposent régulièrement des pistes de réflexion, des indications à suivre. À cela s’ajoutent les nombreux sujets de recherche menés par l’association Beauval Nature sur certaines espèces et qui parfois donnent lieu à des publications dans des revues scientifiques. « Ces travaux universitaires sont très importants pour un parc zoologique comme Beauval. Ils contribuent à assurer nos missions de conservation de la biodiversité tant en parc qu’en milieu naturel. Plus on progressera dans la recherche, mieux on protégera les espèces avec lesquelles l’Homme doit vivre en bonne intelligence », précise Delphine Delord, directrice générale associée du ZooParc de Beauval.
*Nuñinka la 4ème femelle du groupe, arrivée le 20 septembre 2022, n’a pas fait partie de l’étude.