Lancement d’une étude en Mongolie : les panthères des neiges à la loupe !
Deux nouveaux programmes soutenus par Beauval Nature
Chaque année, Beauval Nature reçoit et évalue une dizaine de demandes de soutien de la part d’ONG engagées dans la préservation de la nature. En 2023, deux programmes ont été sélectionnés par le comité scientifique de l’association :
- Renforcement des populations de manchots du Cap – Southern African Foundation for the Conservation of Coastal Birds (SANCCOB)
- Écologie, régime alimentaire et comportement des panthères des neiges dans le Désert de Gobi – CNRS & Wildlife Initiative
Découvrez le second ci-dessous !
Direction l’Asie centrale, à la rencontre des panthères des neiges
La panthère des neiges (Panthera uncia) vit exclusivement en Asie centrale où elle est présente dans 12 pays, du sud de la Russie au Nord de l’Inde. Son aire de répartition regroupe les plus hautes chaînes de montagne au monde et s’étend sur une surface d’environ 2,8 millions de km². Crépusculaires et solitaires, les panthères des neiges occupent des terrains escarpés et rocheux ainsi que des forêts de conifères ou des zones arbustives. La morphologie de ce grand félin est adaptée à la vie en haute montagne : pattes grandes et larges et fourrure épaisse par exemple.
Les panthères des neiges se reproduisent à la fin de l’hiver et la femelle donne généralement naissance à 2-3 petits, dans une tanière, ceux-ci dépendant de leur mère durant environ 1 an.
Carnivores, les panthères des neiges sont opportunistes et capables de chasser de gros animaux, pesant 3 à 4 fois leur poids, en particulier les ongulés sauvages et domestiques.
Une espèce vulnérable
La panthère des neiges est une espèce vulnérable selon l’UICN, bien que l’évaluation du nombre d’individus soit complexe. On estime que 20 % des effectifs auraient disparu ces 20 dernières années et que la population mondiale oscillerait entre 2 500 et 10 000 individus matures.
Les menaces qui pèsent sur les panthères des neiges sont nombreuses. L’augmentation de l’activité humaine détruit et fragmente leur habitat au profit de pâtures et de routes, le nombre de proies diminuent, les conflits avec les éleveurs sont en hausse et le braconnage pour leur fourrure est toujours présent dans certains pays d’Asie.
L’action de la Wildlife Initiative
Afin d’inverser cette tendance et favoriser une meilleure cohabitation entre les panthères des neiges et les éleveurs, la Wildlife Initiative mène plusieurs actions en Mongolie, l’un des 12 pays asiatiques accueillant l’espèce. Leur objectif est d’en apprendre plus sur le comportement et l’écologie de ce prédateur dans des milieux où les Hommes sont présents (Massif du Sutai dans l’ouest de la Mongolie) et dans des zones dépourvues d’impact anthropique (Désert de Gobi au sud de la Mongolie). La comparaison des données recueillies permettra d’améliorer les mesures de conservation et d’atténuation en cas de conflits avec les éleveurs.
Pour mener cette étude, les équipes de la Wildlife Initiative et du CNRS ont installé une cinquantaine de pièges photographiques – couvrant environ 500 km² – et prélever des fèces de panthère des neiges dans l’aire protégée du Grand Gobi et dans le corridor écologique du Sutai-Myangan Ugalzad, en Mongolie. Le désert de Gobi est un espace désertique de plus de 44 000 km² où ces grands prédateurs n’interagissent pas avec les communautés humaines et leurs activités, quasiment absentes sur ce territoire. À l’inverse, le corridor écologique de Sutai-Myangan Ugalzad présente des villages à forte activité d’élevage (vaches, moutons, chèvres) rendant la coexistence entre la panthère des neiges et l’humain difficile.
Les objectifs sont les suivants :
- Estimer la densité de population de panthères des neiges et comprendre quels facteurs déterminent leur présence au fil des saisons.
- Caractériser leurs interactions avec les autres carnivores présents et les proies dans les deux territoires, mais aussi avec le bétail et l’homme dans le Sutai.
- Évaluer le rythme d’activité des panthères des neiges avec et sans perturbation anthropiques.
- Déterminer leur régime alimentaire.
- Rédiger des recommandations pour les futurs plans d’actions de conservation de l’espèce, dans des environnements similaires où l’Homme est présent.
Le soutien de Beauval Nature
Après analyse du projet et vote en Assemblée Générale, Beauval Nature a souhaité soutenir cette étude. Les fonds versés ont servi à financer 20 pièges photographiques et des frais liés aux expéditions de terrain, comme du carburant, rendant possible le déploiement du projet dans les deux sites sus-cités.
Grâce à vos dons, nous soutenons des projets de terrain comme celui-ci, un grand merci !