Le bébé de Mayombé est une fille, prénommée Taàli !
Le gorillon est une femelle !
Des observations récentes du bébé, de plus en plus actif, ont permis de déterminer le sexe.
Partant de là, Manon a proposé « Taàli » qui veut dire « espoir » en dialecte des plateaux Batéké. « Estimant que ce prénom sonnait bien, avec mon équipe, on l’a soumis aux soigneurs gabonais qui s’occupent des gorilles sur place. Ils m’ont confirmée sa signification et l’ont validé », précise la soigneuse. C’est toujours une joie et un honneur pour nous soigneurs d’être sollicités pour proposer des prénoms ». Surtout dans ce cas–là. En effet, entre Mayombé et Manon, c’est une belle histoire débutée il y a plusieurs années…
Revivre la réintroduction des gorilles
La soigneuse s’est occupée de Mayombé alors âgée de 4 ans et l’a accompagnée au Gabon au moment de son relâché sur une île des plateaux Batéké en juin 2019, au bord de la rivière Mpassa. La jeune femelle gorille avait 11 ans. Des liens Homme/animal se sont forcément tissés durant ces années à Beauval puis en terre gabonaise au moment de la réintroduction de la femelle en milieu naturel. Aujourd’hui, depuis le ZooParc de Beauval, Manon suit toujours les tribulations de Mayombé qui est devenue maman pour la première fois en juin dernier.
Fruit de l’union entre Djongo et Mayombé, Taàli va bientôt “souffler” ses 3 mois. C’est une toute jeune gorille vive et très éveillée. Agrippée sur le dos de sa mère le plus souvent, elle capte tous les mouvements, les bruits et les odeurs qui l’entourent. Elle observe de loin Djongo qui lui aussi l’observe mais ne cherche plus à la toucher. En fait, le mâle regarde avec attention le duo mère/fille sans trop s’approcher. Sauf quand il est l’heure de se nourrir ! Oui, Djongo continue ses tentatives de chapardage alimentaire vis-à-vis de Mayombé. Mais elle ne se laisse plus faire du tout. Au contraire, elle lui tient tête beaucoup plus qu’avant. Son caractère s’est affirmé. Cependant parfois, devant une charge un peu plus appuyée du “dos argenté”, elle prendra la fuite perdant les aliments.
Excepté ces moments de tension relevés par les gardes qui veillent au nourrissage des gorilles, les deux adultes cohabitent toujours pacifiquement. Djongo aurait tenté plusieurs approches mais Mayombé a repoussé les avances du mâle. Tant que son bébé ne sera pas autonome, elle ne retombera pas en chaleur. La reproduction est lente chez les gorilles : un petit tous les 3/4 ans. C’est pour cela qu’il faut mettre en œuvre des actions de conservation de cette espèce menacée. C’est fondamental : les gorilles des plaines de l’Ouest sont classés « en danger critique d’extinction » par l’UICN**. C’est ce que s’emploie à faire Beauval Nature à travers son programme de conservation dédiés à ces Grands Singes, que l’on peut retrouver ici.
En revanche, loin de se décourager, Djongo veut inciter Mayombé à jouer avec lui et effectue des petites courses pour lui faire comprendre qu’il est d’humeur badine !
La femelle reste toutefois concentrée sur les soins à apporter à Taàli. Elle la porte beaucoup sur son dos ou sur le ventre. Elle l’allaite encore à 100%. Mais parfois, la petite tente d’attraper quelques aliments et les porte à sa bouche. Mayombé n’est pas toujours d’accord et le lui fait comprendre. Cependant, Taàli semble vouloir découvrir les goûts et les textures des aliments (fruits, graines, végétaux), comme tout petit qui s’éveille et veut « mordre la vie à pleine dents » !
Crédits photos : ©The Aspinall Foundation *La fondation britannique en charge de la réintroduction de gorilles, dont Djongo et Mayombé. Le ZooParc de Beauval et Aspinall travaillent ensemble sur ce projet. **Union Internationale pour la Conservation de la Nature