Heureux événement chez les gypaètes barbus !
À Beauval, il y a souvent de bonnes raisons de se réjouir ! Là, la bonne nouvelle est vraiment très réjouissante : la naissance de 2 gypaètes barbus en mars dernier. On ne vous en parle qu’aujourd’hui car il fallait s’assurer que tout allait bien pour les oisillons. L’un est né et vit à Beauval, le second a été transféré, avant son éclosion, en Espagne dans un centre d’élevage spécifique.
L’aîné de la fratrie se porte bien et pèse aux environs de 4 kg. C’est une jeune femelle très bien élevée et nourrie par ses 2 parents : La Rhune et Makalu. Le couple est en effet aux petits soins pour leur rejeton ! Vous pouvez les voir évoluer dans leur enclos situé dans les Hauteurs de Chine. La petite, désormais âgée de 3 mois, commence à sortir le bec du nid !
Retour sur une naissance exceptionnelle
Mais revenons sur cette très belle double naissance, rare en parc zoologique et sous haute surveillance car le gypaète barbu est une espèce « quasi menacée » selon l’UICN*.
La fin de l’hiver a donc été fructueuse. Les deux œufs, aperçus dans le nid confectionné par La Rhune et Makalu, ont éclos à quelques jours d’intervalles au début du mois de mars. « C’est vraiment une excellente nouvelle pour cette espèce fortement menacée. On ne peut que se réjouir de la naissance de ces deux oisillons qui sont nés à plus de mille kilomètres de distance… », précise Gregory M., responsable au service zoologique. Mais pourquoi diable ne sont-ils pas nés dans le même nid ?
C’est bien tout l’enjeu de la reproduction chez les gypaètes barbus. Il faut absolument optimiser les chances de survie des nouveau-nés. Plusieurs facteurs peuvent en effet leur être fatals. Une femelle ne peut élever deux oisillons en même temps : elle s’occupera donc du plus fort, du plus robuste. Le plus faible mourra sans doute, faute de soins et d’apport en nourriture. Autre risque en cas de fratrie : le caïnisme. C’est un comportement courant chez les jeunes gypaètes. L’aîné peut attaquer et dévorer le cadet – souvent plus faible – en cas de petit creux. Enfin, l’autre facteur : c’est la difficulté d’apprentissage du bébé à se nourrir. Ses parents vont chercher de la nourriture (vers, petits bouts de viande…) mais lui donnent de bec à bec. Il faut donc que le petit soit suffisamment tonique du cou pour tendre sa petite tête vers son géniteur. Ce ne sont pas des gestes forcément innés et évidents à adopter dans les premiers jours. La mort du petit peut survenir, faute d’aliments ingérés.
C’est pourquoi au ZooParc de Beauval, les services zoologiques épaulés par les vétérinaires ont pris deux décisions :
- Transférer un des œufs dans le centre d’élevage spécifique espagnol de Valcallent en Espagne pour qu’il éclose en toute quiétude et qu’il soit élevé par d’autres parents expérimentés avant une éventuelle réintroduction en milieu naturel.
- Nourrir à la main le premier petit né à Beauval par une équipe de soigneurs chevronnée durant une quinzaine jours toutes les huit heures. « Nous nous sommes relayés pour lui apporter ses rations quotidiennes. Nous lui donnions la becquée en le stimulant et l’incitant à tendre le cou pour se fortifier. Nous restions juste le temps nécessaire. Puis, une fois partis, La Rhune ou Makalu (le père) venait le réchauffer », précise Amélie, cheffe du secteur manchots/nurserie.
Depuis plusieurs semaines, le nourrissage fait par les soigneurs a été arrêté. Les parents et leur petit se coordonnent maintenant pour donner et recevoir les aliments. Le jeune gypaète est bien actif et vigoureux.
Cette attention portée aux gypaètes montre combien ces naissances sont précieuses pour la survie de l’espèce. Celle-ci bénéficie de programmes de conservation en France et en Europe. Depuis plusieurs années, Beauval Nature soutient la Vulture Conservation Fondation (VCF) qui assure l’expansion des vautours dans tous les habitats propices en Europe. Les dernières nouvelles sont optimistes : un couple a pondu un œuf dans le Vercors. Un événement qui ne s’était pas reproduit depuis un siècle ! C’est encourageant pour tous les acteurs engagés à la réintroduction de cette espèce de vautour si utile à l’équilibre des écosystèmes. En 2015, on dénombrait seulement 50 couples de gypaètes dans les Pyrénées. Aujourd’hui, des individus ont été réintroduits dans d’autres massifs (Alpes, Baronnies) pour jouer leur rôle de « nettoyeur de la nature » et espérer bien sûr la perpétuation de l’espèce.
Si vous souhaitez contribuer à la sauvegarde des gypaètes barbus, vous pouvez faire un don à Beauval Nature. L’argent récolté est intégralement reversé à l’un de nos programmes de conservation menés aux quatre coins du monde.
Je soutiens les gypaètes barbus
*Union Internationale pour la Conservation de la Nature