Grenouille taureau en Sologne : 25 étangs passés au crible

Une grenouille venue d’Amérique… arrivée en France en 1968 !
Originaire des États-Unis, la grenouille taureau a été introduite en Gironde en 1968. En 2002, les premiers individus de cette espèce ont été détectés en Sologne. Particulièrement vorace, la grenouille taureau se nourrit de multiples animaux : amphibiens, oiseaux, insectes, poissons, micromammifères, mollusques, etc. Elle possède un cycle de reproduction rapide et très productif, pouvant pondre jusqu’à 20 000 œufs par ponte. Ainsi, la grenouille taureau a bouleversé nos écosystèmes, proliférant aux dépens d’espèces locales d’amphibiens telles que la grenouille verte (Pelophylax esculenta), la salamandre tachetée (Salamandra terrestris) ou le triton crêté (Triturus cristatus).

Grenouille verte ©Gabriel Michelin
Une « EEE », parmi les 3 500 recensées à l’échelle mondiale
La grenouille taureau est une espèce exotique envahissante (EEE). Cette expression désigne des animaux ou des végétaux introduits par l’Homme, accidentellement ou délibérément, hors de leur aire de répartition naturelle, et dont la présence ou la dispersion menace les écosystèmes.
À l’échelle mondiale, on dénombre 3 500 EEE, lesquelles sont co-responsables de 60 % des extinctions d’espèces.
Bien que la prévention soit l’option la plus efficace pour éviter l’arrivée d’une nouvelle espèce exotique susceptible d’être envahissante, il est parfois trop tard. Il faut alors freiner la reproduction et la propagation de l’EEE détectée, avant qu’elle n’occasionne des changements irréversibles dans son nouvel environnement.
Quels sont nos moyens d’action ?
La grenouille taureau menace les espèces locales de 3 façons :
- Prédation,
- Compétition pour les ressources alimentaires ou l’habitat,
- Transmission de maladies.
La détection des individus, le contrôle et l’éradication des populations est donc indispensable à la préservation des espèces indigènes.
L’identification de lieux colonisés par les grenouilles taureau se fait visuellement, en explorant les points d’eau, ou bien en enregistrant et en analysant les coassements des amphibiens d’un lieu donné. Des méthodes plus sophistiquées peuvent être utilisées comme l’analyse de l’ADN environnemental (ADNe) contenu dans un échantillon d’eau. Cette méthode permet de détecter tous les stades aquatiques.

Kit de détection ADNe
Une fois l’intrus détecté, plusieurs méthodes permettent d’éviter sa propagation : prélèvement des pontes, des têtards, installation de barrières anti-dispersion des juvéniles, régulation des adultes par tirs sélectifs.
La riposte s’organise en Sologne
Afin de préserver les amphibiens de Sologne qui se raréfient dans leur milieu naturel, le Comité Départemental de la Protection de la Nature et de l’Environnement (CDPNE) mène plusieurs actions en Sologne. L’une de leurs missions, soutenue par Beauval Nature, est la surveillance des sites potentiellement colonisés par la grenouille taureau et le contrôle de l’expansion de cette espèce.
Les première actions d’élimination ont débuté après la découverte de l’espèce en 2002… et aujourd’hui on ne parle plus de population, mais plus d’individus isolés, qu’il faut trouver, en entendant les chants ou en détectant l’ADN de l’espèce dans l’eau.
Mi-juin, accompagné du CDPNE et du Syndicat d’Entretien du Bassin du Beuvron (SEBB), Gabriel Michelin, chargé de missions Conservation de Beauval Nature, s’est rendu en Sologne pour une session de prélèvement d’eau :
- 2 jours de terrain,
- 25 étangs analysés,
- 21 km de berge parcourus.

Prélèvement d’eau effectué en juin 2025
Dans un second temps, des enregistreurs acoustiques ont été posés afin de détecter d’éventuels chants de mâles de grenouille taureau.

Enregistreur acoustique
Les analyses sont en cours… affaire à suivre !
Crédit photo image en avant : grenouille taureau ©Don Mroczkowski