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L’éléphant d’Asie : sa perception dans la presse internationale

Une équipe de chercheurs de Beauval Nature et du Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive (CNRS Montpellier) ont cherché à comprendre comment l’éléphant d’Asie était représenté dans les médias. Car, si l’animal bénéficie d’une image très positive dans l’opinion publique, ce n’est pas toujours le cas dans les pays où il habite, notamment en Asie. Une étude scientifique sur ce sujet vient d’être publiée dans la presse scientifique. Elle a été menée par 3 chercheurs : Gilles Maurer, Marie Chandelier, Olivier Gimenez* et Baptiste Mulot, directeur général de Beauval Nature. En voici les éléments principaux à retenir sur la perception de l’éléphant d’Asie dans les médias internationaux.

Les attaques d’éléphants sur les cultures voire sur les habitants sont de plus en plus fréquentes, ce qui génère une couverture médiatique très négative. Or, les dégâts et attaques provoqués par des animaux sauvages comme par exemple les loups ou les requins font généralement l’objet de communiqués de presse sensationnalistes. Cette couverture négative a pour conséquence de diaboliser l’espèce auprès du public et met en péril les programmes de conservation. Les chercheurs ont voulu savoir si l’image de l’éléphant, dans la presse internationale, souffrait également de cette diabolisation. Pour cela, ils ont utilisé une technique de deep learning (apprentissage profond) pour analyser 11 000 articles de presse traitant de l’éléphant d’Asie au cours de la dernière décennie.

Les éléphants sont craints mais vénérés

L’étude a montré que la presse couvrait une myriade de sujets : faits divers relatant les attaques, rôle des agences gouvernementales, programmes de conservation et de recherche, sujets liés au trafic d’ivoire… Il en ressort que les ONG utilisent un langage institutionnel et technique qui tend à passer sous silence les témoignages des victimes. Les faits divers et les actualités locales font, au contraire, la part belle aux récits des villageois, insistant sur la peur, le chaos voire la panique engendrée par le passage des éléphants.

Cependant ces peurs ne se traduisent pas nécessairement par un rejet de l’espèce. En effet, l’éléphant d’Asie est une espèce crainte mais aussi vénérée. Les villageois témoignent d’empathie vis-à-vis de ces animaux sacrés lorsque ceux-ci sont victimes d’accidents ferroviaires ou quand des éléphanteaux orphelins sont retrouvés dans la forêt.

éléphant d'Asie

Apprendre à travailler main dans la main pour trouver les clés de la cohabitation avec la faune sauvage

Ainsi les chercheurs concluent que les ONG ne devraient pas omettre la dimension psychologique des attaques au risque d’apparaître en décalage avec le public. La dimension symbolique et spirituelle de l’espèce doit justement permettre d’aborder sans tabou les risques psychologiques liés à la venue des éléphants aux abords des champs et des habitations humaines.
Il est donc important de ne pas négliger la parole des villageois pour éviter la frustration, mais il est également essentiel de prendre conscience des causes à l’origine de ces conflits. Car les éléphants n’ont pas hérité de cette dimension spirituelle par hasard : ce sont des animaux sociaux, doués de capacités cognitives exceptionnelles, qui se retrouvent forcés à vivre sur des territoires de plus en plus réduits et fragmentés. Il est donc primordial pour les ONG de faire preuve d’empathie auprès des victimes, et aux villageois de comprendre ce qui pousse les éléphants à agir de la sorte. La solution n’est pas unilatérale, les hommes, doivent apprendre à travailler main dans la main pour trouver les clés de la cohabitation avec la faune sauvage. C’est également à ceux qui rapportent la parole de donner une chance à chaque partie de s’exprimer, car ce n’est pas en niant l’impact émotionnel des victimes ou en dépeignant les éléphants uniquement comme des animaux terrifiants qui sèment le chaos, qu’il sera possible de trouver des solutions.

*Gilles Maurer est chercheur pour Beauval Nature, accueilli au CEFE (Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive), Université de Montpellier, CNRS, EPHE, IRD, Univ. Paul Valéry Montpellier 3
Olivier Gimenez est chercheur CEFE (Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive), Univ. Montpellier, CNRS, EPHE, IRD, Univ. Paul Valéry Montpellier 3
Marie Chandelier est chercheuse Bases, Corpus, Langage, UMR 7320, CNRS, Université Côte d’Azur, Nice.

Article disponible en anglais ici / Polarized media coverage of conflicting, yet emblematic species: The ambivalent portrayal of the Asian elephant.

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