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Les sirènes, de véritables siréniens…

Il y a quelques jours, nous avons publié un reportage sur les recherches en cours au sujet des vocalises des lamantins.  ⬇️

Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir le milieu marin, cette fois-ci en plongeant à la rencontre des sirènes ! 

 

Tantôt prédatrices qui se nourrissent de chair humaine, tantôt bienfaitrices qui exaucent les vœux de ceux qui sont assez courageux pour les trouver, les sirènes ont toujours inspiré l’imaginaire des Hommes. Selon les légendes et leurs origines, ces êtres mythiques peuvent prendre bien des formes différentes : 

Pour Homère, dans l’Odyssée – dont les écrits datent d’il y a près de 3000 ans –, ce sont des femmes dotées d’ailes et de pattes d’oiseaux dont le corps est recouvert de plumes. Hénoch, quant à lui, les dépeint comme des femmes à queue de poissons, recouvertes d’écailles de la taille jusqu’aux nageoires, engendrées par les anges déchus. Pour les Scandinaves, ce sont des géantes aquatiques qui annoncent l’imminence des tempêtes marines… 

Au Moyen-Âge, les différentes croyances fusionnent et les sirènes sont parfois représentées comme des femmes ailées possédant également un corps fuselé terminé par des nageoires. Du côté de l’Afrique centrale et des Caraïbes, le culte vaudou rend hommage à la déesse Mami Wata. Femme au corps de poisson et à la beauté sans pareil, c’est une divinité sauvage et imprévisible qui séduit les hommes pour en faire ses fidèles.  

Au fil du temps, des récits provenant de différentes régions du monde s’additionnent et viennent étoffer un peu plus le mystère des sirènes. À une époque où les voyages en bateau se multiplient, les témoignages de nombreux marins font état de leurs rencontres avec ces êtres chimériques. En janvier 1493, Christophe Colomb lui-même dit en avoir aperçu, au large de l’île d’Hispaniola en République Dominicaine. Celui-ci avouera néanmoins que, contrairement aux récits mythologiques, la beauté leur fait défaut…  

Plus récemment, au 19ème siècle, l’équipage d’un navire crut apercevoir des femmes en détresse au milieu de l’océan. Lorsque les marins décidèrent de leur porter secours, elles disparurent simplement sous les vagues, ne laissant apercevoir que quelques instants leurs corps d’animal marin… Tous ces récits surprenants ont néanmoins un point en commun : ils coïncident avec l’aire de répartition non pas des sirènes, mais des siréniens 

Les siréniens représentent un ordre de mammifères constitués de trois espèces de lamantins et de leur proche cousin, le dugong. Ces animaux au corps fuselé peuvent être rencontrés en Afrique de l’Ouest (le lamantin ouest-africain), en Amérique du Nord et Centrale (le lamantin d’Amérique, représenté par deux sous-espèces, l’une en Floride, l’autre dans les Caraïbes), en Amérique du Sud (le lamantin de l’Amazone), et dans toutes les zones littorales de l’océan Indien (le dugong).  

Les siréniens possèdent des mamelles situées sous les nageoires pectorales et, comme tous les mammifères, ne sont pas capables de respirer sous l’eau. Lorsqu’une femelle allaite son petit, elle se positionne généralement à la verticale, le museau à la surface, et le jeune se place sous l’aisselle pour téter. Cette position peut parfois évoquer celle d’une femme humaine qui tient un nourrisson dans ses bras.  

Principalement herbivores, les lamantins et les dugongs se nourrissent régulièrement dans les herbiers marins. Il est donc fréquent d’observer ces animaux au milieu des algues. Celles-ci, s’agitant lentement au rythme des courants, peuvent faire penser à une longue chevelure, accentuant ainsi la ressemblance avec l’espèce humaine.  

Les conditions de voyage des marins sont également à prendre en compte dans la confusion. En effet, jusqu’au 19ème siècle, il était fréquent d’observer des cas de scorbut et de pellagre2 liés à la malnutrition sur les navires. Les carences alimentaires et en vitamines pouvaient accentuer la fatigue, jusqu’à créer des hallucinations visuelles et auditives. La longue durée des voyages ainsi que le sommeil réduit des matelots pouvaient également favoriser l’apparition de visions mystérieuses et inexplicables pour les personnes qui en étaient victimes. Il arrivait même que des navigateurs, accablés par la fatigue, se jettent en plein océan en pensant être arrivés au port. L’alcool, couramment consommé autrefois sur les bateaux pour lutter contre différents maux, aggravait lui aussi les risques d’hallucination.  

Ces différents facteurs, combinés à un manque de connaissance sur les animaux marins et l’océan, expliquent probablement que de nombreux voyageurs aient pu prendre des siréniens pour de véritables sirènes. Le chant envoûtant de ces êtres mythologiques pourrait quant à lui être expliqué par les vocalises des siréniens eux-mêmes ainsi que celles des cétacés qui partagent les mêmes habitats. Les chants des baleines à bosse – qui évoluent dans tous les océans majeurs de la planète – sont notamment connus pour leurs mélodies complexes, perceptibles à plusieurs dizaines de kilomètres de distance !  

Le mythe des sirènes, tout comme celui du Léviathan, du kraken ou de la licorne de mer, trouve ses origines dans des observations bien réelles d’animaux fabuleux, qui peuplent notre merveilleuse planète bleue ! 

 

Qu’il s’agisse de croyances millénaires ou de témoignages de grands explorateurs, les histoires de femmes à queue de poissons, que nous appelons aujourd’hui sirènes, se sont répandues aux quatre coins du monde. Ces légendes, espacées par le temps et des milliers de kilomètres, trouvent leurs origines dans des observations d’animaux et de phénomènes bien réels ! Embarquez à bord de l’Endurance lors d’un voyage transatlantique au XVIIe siècle pour le découvrir. 

 

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