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Des avancées sur le comportement des lamantins

Des avancées sur le comportement des lamantins

Plutôt timide, ou audacieux ? C’est la question que les équipes de Beauval Nature (en collaboration avec le CESCO – Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation – et l’EPHE – École Pratique des Hautes Études -) ont décidé de poser aux lamantins… et les réponses pourraient bien nous permettre de mieux protéger leurs congénères sauvages.

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Les lamantins, ces imposants mammifères aquatiques à l’origine de la légende des sirènes, continuent de nous surprendre. Alors que ces animaux paisibles sont encore voilés de mystère, les équipes ont tenté de mieux comprendre leur comportement en étudiant leur réaction face à de nouvelles situations au Parc Zoologique de Paris et au ZooParc de Beauval.

Connaître les lamantins

Les 18 individus étudiés, répartis entre les deux parcs (14 à Beauval, et 4 au Parc Zoologique de Paris), ont été exposés à trois stimuli différents : un nouvel objet, un nouveau son, et la présence d’un humain étranger au-dessus du bassin. Ces expériences avaient pour objectif de mieux comprendre leur « tempérament », c’est-à-dire l’ensemble des différences comportementales qui forment leur personnalité.

Le tempérament, forgé par une combinaison de facteurs génétiques, épigénétiques et environnementaux, est en effet une clef fondamentale de la survie d’un individu ; et à travers lui de la survie de son espèce. Un individu plus curieux et téméraire sera par exemple plus à même d’explorer son environnement pour découvrir de nouvelles opportunités, mais s’exposera plus facilement à des dangers. À l’inverse, un individu plus timide évitera de prendre des risques, mais pourra ainsi se priver de la découverte de nouveaux habitats, de nouveaux congénères ou de nouvelles ressources.

Au cours de ces recherches, le comportement des lamantins a été étudié selon plusieurs critères : distance d’approche du stimulus, contact physique avec l’objet d’intérêt ou tête tournée vers celui-ci, et comportements sociaux entre individus. Sur l’ensemble des 16 lamantins, les études révèlent que 9 d’entre eux sont considérés comme « timides », tandis que 5 autres sont particulièrement audacieux.

Une corrélation a de plus été établie entre l’audace et la sociabilité : les individus plus curieux et téméraires sont les plus sociaux, alors que les plus timides sont plus souvent solitaires. Les soigneurs des deux parcs ont également rempli des questionnaires au sujet des différents lamantins et de la façon dont ils les perçoivent individuellement dans les comportements du quotidien. Sans surprise, leurs observations concordent avec les conclusions faites au cours de l’étude.

Lamantin des Caraïbes

Ces nouvelles découvertes mettent en lumière les différences comportementales présentes chez les lamantins, essentielles afin de mieux comprendre les réactions des populations sauvages face au développement des activités humaines. Un lien de causalité se dessine en effet dans certaines régions du monde, où les lamantins ont été chassés historiquement. Dans ces régions, les lamantins sont décrits comme particulièrement timides, et adoptent un mode de vie nocturne pour éviter les conflits avec l’Homme. Les individus les plus téméraires, prenant plus de risques, auraient en effet été éliminés au cours du temps, permettant aux animaux les plus timides de se reproduire et de transmettre ces comportements à leurs petits. D’autres études ayant prouvé un lien direct entre la sociabilité des individus et leur succès reproductif, le comportement des populations plus timides pourrait aussi expliquer leur vitesse de reproduction particulièrement faible.

La prise en compte du tempérament des lamantins pourrait ainsi permettre de mieux structurer les programmes de réintroduction : En choisissant des individus issus de parcs zoologiques avec un tempérament complémentaires aux individus sauvages, il serait possible de renforcer durablement les populations naturelles pour les sauver de l’extinction. Ces nouvelles informations prouvent une nouvelle fois que c’est en continuant à pousser les limites de la connaissance que nous pourrons sauver les espèces fabuleuses qui peuplent notre planète.

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