Haro sur les sacs plastiques !
Le lundi 3 juillet, c’est la Journée mondiale sans sacs plastiques, l’occasion de rappeler combien la pollution plastique représente l’un des risques les plus graves pour la planète. Chaque année, plus de 400 millions de tonnes de plastique sont produites, dont la moitié est destinée à un usage unique. À l’inverse, moins de 10 % de ce plastique est recyclé, et environ 19 à 23 millions de tonnes finissent dans les lacs, les rivières et les océans. Pour preuve, le « septième continent », identifié en 1997 par l’océanographe Charles Moore, qui mesure 3,5 millions de km² (6 fois la France) et évolue entre Hawaï et la Californie. Cette masse monstrueuse ne cesse de croître et se compose de matériels de pêche, de cordes, de filets et de microplastiques dont 80 à 90 % proviennent de la terre par les fleuves ou les vents. Et s’il fallait encore relever une conséquence néfaste de la surabondance du plastique en mer : des chercheurs brésiliens ont récemment découvert des roches en plastique sur l’île de Trinidad, au large des côtes brésiliennes. Le plastique, entremêlé dans la roche, provient principalement de filets de pêche qui s’échouent sur les plages, fondent et s’incrustent dans des rochers. Cette île accueille notamment les tortues vertes au moment de la reproduction.
Des risques pour la santé animale et humaine
Toute cette pollution constitue une menace dramatique pour la biodiversité, faune et flore confondues. Oiseaux, mammifères marins, poissons… tous sont susceptibles d’être blessés, empoisonnés ou asphyxiés par ces plastiques et microplastiques mais également par les substances toxiques qu’ils contiennent. En effet, celles-ci déséquilibrent profondément les écosystèmes et ont des conséquences sur la santé animale voire humaine. Ces minuscules particules pénètrent dans la chaine alimentaire. Des études ont révélé leur présence dans les fruits de mer consommés par l’Homme. Les effets sur l’organisme sont étudiés et les données disponibles suggèrent des risques, notamment des perturbations hormonales et la propagation de produits chimiques nocifs.
Devant la gravité de la situation, les états prennent des mesures visant à limiter la production plastique notamment à usage unique, à en limiter l’usage et à promouvoir des solutions alternatives et à innover. Gouvernements et industriels travaillent à mettre en place des systèmes de gestion des déchets afin d’encourager leur recyclage ou leur élimination afin d’éviter la pénétration dans l’environnement.
Vers une disparition progressive du plastique dans les objets courants…
En France, la loi AGEC, loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », a été votée en 2020. Depuis 3 ans, elle a accéléré le changement de notre modèle de production et de consommation. Depuis son entrée en vigueur, plusieurs mesures font déjà partie de notre quotidien. D’autres sont en cours de déploiement, avec une même finalité : réduire voire éliminer le plastique et mettre fin à toutes les formes de gaspillage. Revue de détails des décisions visant à éliminer progressivement le plastique de notre quotidien :
- Interdiction de produits à usage unique : assiettes, pailles, gobelets, couverts, cotons-tiges, ou encore les boîtes en polystyrène expansé (type boîtes à sandwich). La loi prévoit la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040.
- Fin de la vaisselle jetable dans les restaurants, notamment les fast-foods, pour les repas consommés sur place. Ce type de vaisselle est interdit depuis le 1er janvier 2023 pour les repas consommés sur place : ils doivent désormais être servis dans de la vaisselle lavable et réutilisable.
- Suppression de l’emballage plastique autour des fruits et des légumes qui peuvent être vendus en vrac : le nouveau décret vient d’être publié et entre en vigueur le 1er juillet*. Il interdit les emballages mais exempte de façon permanente 29 produits « présentant un risque de détérioration à la vente en vrac ». On continuera donc à trouver du plastique autour des fruits rouges comme les cerises, framboises, mûres ou groseilles ; les fruits mûrs à point « c’est-à-dire les fruits vendus au consommateur final à pleine maturité ».
Des initiatives encourageantes…
Au-delà du cadre réglementaire, des initiatives privées fleurissent pour tenter de limiter les ravages du plastique dans l’environnement.
On retiendra entre autres :
1 – L’opération 3P - Plages Propres et Protégées, déployée dans le cadre du programme de conservation Help Congo soutenu par Beauval Nature. Cette opération a pour but de ramasser, trier, valoriser le plastique qui jonche une immense plage au bord de la lagune du parc national de Conkouati-Douli sur 20 kilomètres de rivages. Coordonnée par un membre de Help Congo, une équipe de 10 personnes des villages voisins de Ngumbi, Goma et Mvandji est rémunérée pour effectuer le travail. Les quotas journaliers sont respectés et plus de 800 kg sont évacués chaque semaine. Au total, 20 tonnes de plastique auront été collectées et recyclées à Pointe-Noire depuis le début de la collecte. Cette opération est soutenue par la Mairie d’Orléans. Son maire, Serge Grouard, rappelle l’importance de protéger la biodiversité : « La sauvegarde de la biodiversité ne peut se concevoir de manière endogène et limitée géographiquement, même si, évidemment, nous travaillons localement à la préservation de la biodiversité ligérienne. Mais ce qui se passe en Afrique a forcément des répercussions sur le reste de la planète. C’est pourquoi, nous avons décidé d’apporter notre soutien à cette cause mondiale : limiter les effets dévastateurs des plastiques dans les milieux marins et sur le littoral ».
Voir les actions de Help Congo
2 – L’association Oceanium de Dakar (Sénégal) construit actuellement un bâtiment en écobriques conçues à partir de bouteilles plastiques. Soutenue par Beauval Nature, Oceanium agit pour l’environnement depuis 1984.
3 – La mise au point de filets de pêche biosourcés et dégradables s’ils sont perdus en mer ou compostables s’ils sont ramenés à terre. Des expérimentations en conditions réelles ont eu lieu dans le Parc marin des estuaires picards et de la mer d’Opale.
4 – La conception d’un film alimentaire à base d’algues invasives est en cours de déploiement. Des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) ont fabriqué un plastique fin et étirable, de type film alimentaire, résistant à une température de 230°C et capable de se décomposer en quelques semaines seulement, à partir de sargasses (Sargassum natans), ces algues brunes extrêmement invasives sur les littoraux (américains, antillais…).
Il est encore temps d’agir et de prendre la mesure des gestes à adopter, chacun à son niveau, que l’on soit aux responsabilités, fabricants, chercheurs ou particuliers. Chaque geste compte pour limiter la pénétration du plastique dans l’environnement.
Au ZooParc de Beauval, de nombreuses actions sont mises en place pour réduire l’empreinte écologique tant dans le parc que dans les hôtels de Beauval. Découvrez-les.
Le développement durable à Beauval
*Il avait été retoqué par le Conseil d’Etat en décembre 2022