Nouveauté dans la Serre Australienne : 10 Hippocampes « comes » !
Hippocampus comes. C’est le nom scientifique de l’espèce et 10 individus sont bien arrivés à destination ! Après les méduses à pois blancs, début octobre, une nouveauté et une grande première en 42 ans d’histoire au ZooParc de Beauval, dans la Serre Australienne, c’est donc une nouvelle espèce qui a fait son apparition ! S’il y a déjà eu des hippocampes à Beauval, c’est la première fois que l’espèce Hippocampus comes est représentée au ZooParc. 10 hippocampes à queue tigrée sont arrivés le 25 octobre dernier en provenance du Jardin zoologique Schönbrunn situé à Vienne. C’est au sein de ce zoo autrichien que ces hippocampes sont nés le 15 janvier 2022.
Un aquarium spécialement conçu pour leur bien-être
Depuis le 25 octobre, à l’endroit où les coraux sont exposés dans une nurserie, les visiteurs ont déjà eu la chance d’admirer les 10 individus. Depuis quelques jours, ils sont désormais dans l’aquarium qui a été spécialement conçu pour eux au sein de la Serre Australienne.
Comme pour les méduses, l’aquarium des hippocampes a été rempli d’eau de mer préparée par les soigneurs de Beauval et tout a été fait pour favoriser leur bien-être. « Nous avons installé un aquarium de 500 litres. Les hippocampes, lorsqu’ils font leurs parades amoureuses tournent sur eux-mêmes et montent donc nous avons choisi un bac assez haut. Le mâle colle sa poche incubatrice à la femelle et c’est à ce moment-là qu’ils montent », explique Aglaë G., cheffe de secteur Aqua-vivarium au ZooParc de Beauval.
Des roches neuves et toute une préparation
Les hippocampes sont des poissons mais ils ont la particularité de ne pas avoir d’écailles. Ils ont une peau et sont donc très sensibles aux piqûres des cnidaires c’est-à-dire des anémones, des coraux et aussi des vers de feu. « C’est pour cela que l’aquarium à hippocampes est le seul avec des roches neuves. Nous avons commandé un décor neutre spécialement pour ce bassin-là. On parle de roche vivante ou de roche morte. Une roche vivante est une roche qui a vécu dans un bassin assez longtemps pour recueillir une faune bactérienne. Pour les hippocampes, on ne pouvait pas utiliser une roche qui ait été utilisée ailleurs car il y avait le risque qu’il y ait des vers de feu qui s’y trouvent. Dans l’aquarium, il y a déjà quelques invertébrés. Il y a des algues, on peut avoir des petites anémones. Avant de mettre les hippocampes, on a mis des poissons pour qu’ils mangent ces anémones, et des invertébrés, des oursins, des crevettes, des escargots afin qu’ils se nourrissent des algues dans l’aquarium », ajoute Aglaë G.
Du zooplancton vivant adulte pour leur alimentation
Dès le lendemain de leur arrivée à Beauval, les hippocampes mangeaient, une excellente nouvelle et une preuve de leur bonne adaptation. Ils sont nourris 2 fois par jour minimum. Ce sont des prédateurs visuels c’est à dire qu’ils observent la forme de la nourriture et son mouvement avant de la manger. « C’est pour cela que l’on propose plusieurs aliments différents. Tous nos poissons marins mangent du zooplancton décongelé mais, pour les hippocampes notamment, nous faisons aussi venir du zooplancton vivant adulte. Nous avons des arrivages tous les 15 jours et nous disposons d’une réserve de crustacés, des artémies (artemia salina) », souligne la cheffe de secteur Aqua-vivarium.
Reproduction des hippocampes : l’affaire du mâle !
Le mode de reproduction des hippocampes est étonnant. Au terme d’une gestation de deux à trois semaines, c’est le mâle qui donnera naissance à quelques centaines de petits déjà complètement formés ! Tout débute par une sorte de ballet aquatique durant lequel, le couple se tourne sur lui-même pendant plusieurs minutes. Ensuite, ils se mettent joue contre joue et s’enlacent.
Le but de ce rapprochement est la transmission de l’excitation. Le couple peut rester ainsi pendant près de 30 minutes ! Ensuite, la femelle confie les œufs au mâle en les transvasant dans sa poche incubatrice. La fertilisation a lieu durant cette opération. Le mâle porte les œufs jusqu’à leur éclosion. Après cet accouplement, la femelle part dans son coin pour se reposer et elle ne sera plus concernée par la venue au monde de ses petits.
Chaque hippocampe qui vient de naître est livré à lui-même. Leur géniteur, épuisé, s’isole pour se ressourcer. Les nouveau-nés sont dotés d’une poche appelée « vitaline » qui leur permet de se nourrir pendant un certain temps avant de devoir trouver eux-mêmes de quoi manger. Ils deviennent adultes au bout de 8 mois et peuvent à leur tour se reproduire.
8 mois ? Les 10 hippocampes arrivés à Beauval ont eu 10 mois le 15 novembre dernier. Ils sont donc en capacité de se reproduire !
Une tête de cheval
L’hippocampe est dans la mythologie grecque une figure fantastique. Le char de Poséïdon, dieu grec des Mers, était tiré par deux chevaux marins. Le mot hippocampe est issu du grec ancien, « hippos » signifiant cheval et « kampos » pour « poisson marin ». D’où le surnom de « cheval de mer » ! La traduction d’hippocampe en anglais est « seahorse » ou « hippocampus ».
Une maîtrise du camouflage comme le caméléon
Saviez-vous que les hippocampes sont maîtres du « déguisement » et peuvent changer la forme et la couleur de leur peau pour se fondre dans leur environnement ? Dans les fonds marins, ce poisson atypique est vulnérable puisqu’il ne peut pas se défendre face à ses ennemis. Il nage lentement. Sa seule technique pour se protéger est le camouflage. Tel un caméléon, ce poisson peut emprunter les couleurs de son environnement et passer inaperçu aux yeux de ses prédateurs comme les oiseaux marins, les raies et même les requins ! Le camouflage lui est aussi d’une grande aide pour chasser sa nourriture. Comme le caméléon, les yeux de l’hippocampe peuvent bouger indépendamment l’un de l’autre.
Il existe plus de 50 espèces d’hippocampes. Les « chevaux des mers » possèdent plusieurs particularités : leur absence de nageoires ventrales ou caudales, leur long « nez », ou bec sans dents, à la fonction d’aspirateur pour se nourrir de petits crustacés vivant autour des algues et des coraux. Appartenant à la famille des Syngathidae, l’hippocampe à queue tigrée est une petite espèce atteignant presque 10 cm en hauteur, du haut de la couronne à la pointe de la queue tendue.
Une queue préhensile comme un singe
L’hippocampe a une queue préhensile comme celle d’un singe, à la forme carrée et non cylindrique comme celle des vertébrés, qui lui permet des prises bien plus flexibles. Les hippocampes sont les seuls poissons avec un cou et une queue préhensile qu’ils peuvent utiliser pour s’accrocher n’importe où.
Une espèce classée « vulnérable » par l’UICN
Hippocampus comes est classé « vulnérable » sur la Liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Sa population est en baisse en raison de nombreuses menaces : l’urbanisation, la pêche et la récolte des ressources aquatiques, la pollution par les effluents agricoles et forestiers.
Si d’autres espèces vivent en Méditerranée ou dans l’océan Atlantique, le milieu naturel des hippocampes à queue tigrée se situe dans les eaux du Pacifique : Thaïlande, Malaisie, Singapour, Vietnam, Philippines et Indonésie. Hippocampus comes n’est donc pas le plus courant des hippocampes ! Une raison supplémentaire de venir admirer les 5 mâles et 5 femelles ayant élu domicile dans la Serre Australienne.
Nurserie des coraux : 3 crevettes barbier cardinal
Si vous passez par la Serre Australienne, n’oubliez pas d’aller voir la nurserie des coraux. Vous pourrez y admirer des escargots, des bernard-l’hermite et 3 splendides crevettes barbier cardinal (Lysmata debelius). Ce sont des crevettes hermaphrodites protérandriques fonctionnelles. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? En résumé, la femelle est fécondée une fois pour toute ! Le sperme est conservé dans une spermathèque, une loge pour la semence.