Revivez la soirée exceptionnelle de Beauval Nature et Michel BASSOMPIERRE autour de l’art et de la nature
Plus de 100 personnes ont assisté jeudi 16 octobre au ZooParc de Beauval à une soirée unique coorganisée par Beauval Nature et Michel BASSOMPIERRE afin de célébrer la rencontre entre l’art et la science, au service de la nature.
Et à soirée exceptionnelle, intervenants exceptionnels ! Sabrina KRIEF, enseignante-chercheuse au MNHN et directrice du Sebitoli Chimpanzee Project (Ouganda), Nina GIOTTO, éco-éthologue et directrice de l’association HELP Congo, et Michel BASSOMPIERRE, grand maître de la sculpture animalière ont enchanté l’auditoire tout en les sensibilisant à la beauté et la fragilité du vivant.
Une soirée animée par Bruno LAVILLATTE, philosophe des sciences et spécialiste de la Renaissance, pendant laquelle Michel BASSOMPIERRE a réalisé une œuvre en direct, un gorille des plaines de l’Ouest en argile. Sa présence inspirante faisait écho à son exposition « Fragiles Colosses » présentée actuellement au ZooParc de Beauval et dont la marraine n’est autre que Sabrina KRIEF.
Un vibrant hommage à Jane GOODALL rendu par Rodolphe DELORD
En préambule, Rodolphe DELORD, PDG du ZooParc de Beauval et président de Beauval Nature, a souhaité rendre un vibrant hommage à Jane GOODALL, décédée le 1er octobre 2025 à l’âge de 91 ans : « Jane n’était pas seulement une grande scientifique. Elle était une âme profondément humaine, une messagère de paix, une amie de la nature, de tous les êtres vivants. Elle a consacré sa vie à comprendre les chimpanzés, à les protéger, à nous rappeler que nous faisions tous partie d’un même monde fragile et merveilleux. Jane est venue à Beauval à deux reprises et j’ai eu la chance, le privilège de la rencontrer à de nombreuses reprises. À chaque fois, ce qui frappait, c’était cette lumière dans son regard, une lumière faite de douceur, de détermination et d’espoir. Elle parlait doucement, mais ses mots avaient une force immense. On ressortait à chaque rencontre avec elle un peu plus conscient, un peu plus inspiré, un peu plus décidé à agir. Jane croyait en l’humain, elle croyait malgré tout que nous avons en nous la capacité de réparer, de protéger, de bâtir un monde meilleur. C’est ce message, ce souffle d’espérance qu’elle nous laisse. Alors ce soir, pensons à elle, à sa voix, à son sourire, à son courage. Et poursuivons, chacun à notre manière, le combat qu’elle a mené toute sa vie, celui du respect, de la vie, de l’amour du vivant. »
À la demande de Rodolphe DELORD, une minute de silence a été religieusement observée en mémoire de Jane GOODALL. Un grand moment d’émotion.
« Préserver la nature, c’est aussi préserver une part essentielle de notre humanité »
Le président de l’association Beauval Nature a également présenté les invités : « Sabrina KRIEF, chercheuse passionnée qui a consacré sa vie à comprendre et à protéger les chimpanzés en Ouganda, Nina GIOTTO, directrice de HELP Congo depuis bientôt 5 ans, une femme de terrain, d’engagement et de conviction qui œuvre chaque jour au cœur du parc national de Conkouati-Douli pour la sauvegarde des Grands Singes et de la biodiversité en général. Je suis d’ailleurs rentré de Conkouati ce lundi et j’ai pu constater sur le terrain la force de leur travail. Comme vous le savez, en plus de Beauval Nature, j’ai l’honneur de présider HELP Congo. Une aventure que nous poursuivons avec passion dans la continuité d’une femme extraordinaire, Aliette JAMART, qui a fondé HELP Congo en 1989. Et aujourd’hui, Beauval Nature finance à hauteur de 80 % les actions de HELP Congo. Et puis, Michel BASSOMPIERRE le grand maître de la sculpture animalière, un artiste capable de donner à la pierre une âme. Ses œuvres nous rappellent que la force peut rimer avec douceur et que même un gorille peut avoir un regard attendrissant. Ce soir, nous allons croiser leur regard, leur sensibilité, leur savoir. Ensemble, ils vont nous rappeler que préserver la nature, c’est aussi préserver une part essentielle de notre humanité. À travers les gestes de Michel, les mots de Sabrina et Nina, et la curiosité de chacun d’entre nous, nous allons le temps d’une soirée, célébrer le vivant, dans sa force, sa fragilité et sa capacité à nous émerveiller et à nous rassembler. À Beauval Nature, comme à HELP Congo, nous partageons une conviction profonde. La connaissance et l’émotion sont les deux clés de la protection. L’une éclaire, l’autre touche, et c’est dans cette alliance, entre la tête et le cœur, que naît le changement. »

Sabrina KRIEF prenant la parole avec en fond Michel BASSOMPIERRE qui réalise une œuvre en direct
Entre les primatologues Sabrina KRIEF et Nina GIOTTO, de nombreux points communs dont HELP Congo
Après une introduction réalisée par Bruno LAVILLATTE, maître de l’art oratoire, le public a pu admirer une vidéo réalisée par Beauval sur l’exposition « Fragiles Colosses » de Michel BASSOMPIERRE. Ensuite, Sabrina KRIEF a pris le micro pour rappeler, d’abord, qu’elle avait débuté sa carrière au sein de l’association HELP Congo puis elle a présenté de magnifiques photos de chimpanzés signées de son mari, Jean-Michel KRIEF, et abordé trois étapes : la découverte des chimpanzés au cœur de Conkouati-Douli avec HELP Congo, l’immersion en forêt tropicale en Ouganda et la mobilisation de celles et ceux qu’elle appelle les sœurs et les frères de la forêt.
Sabrina KRIEF a passé la parole à Nina GIOTTO afin qu’elle puisse aborder l’histoire de l’association que les deux primatologues ont en commun : HELP Congo. Une histoire qui résonne avec celle de Jane GOODALL puisque l’association a été fondée par une autre femme engagée pour la sauvegarde des chimpanzés, Aliette JAMART. Tout a commencé en 1989 à Pointe-Noire lorsque Aliette JAMART a recueilli une vingtaine de chimpanzés orphelins à son domicile. Elle a fondé HELP en 1990 avant de passer le flambeau à Rodolphe DELORD et Beauval Nature en 2021. Grâce à leur implication, HELP Congo a élargi son champ d’action.
Depuis 2021, HELP Congo, avec Beauval Nature, a élargi le champ de ses actions
L’histoire de HELP est aussi celle des relâchers de chimpanzés dans la nature puisque l’association fut la première au monde à le faire comme l’a rappelé Nina GIOTTO. La directrice de HELP Congo a également souligné tout le travail réalisé depuis que Beauval Nature est devenu le principal soutien humain et financier de l’association : « Depuis 2021, l’association a multiplié ses actions : elle conserve toujours les 21 chimpanzés sur les îles tout en menant des recherches sur d’autres espèces (lamantins, inventaires herpétologiques, ADN environnemental) et en fournissant des données aux gestionnaires du parc. Parallèlement, elle a replanté plus de 50 hectares, relançant l’habitat pour la faune locale, mène des campagnes d’éducation environnementale et crée des emplois locaux notamment avec le programme « Plages Propres et Protégées » qui a permis de récolter 40 tonnes de plastique par an depuis 3 ans. L’écotourisme complète ces efforts en sensibilisant le public et en finançant les projets sur place. »
Est-ce que les chimpanzés utilisent les plantes médicinales pour se soigner ?
Sabrina KRIEF a ensuite abordé la question de l’utilisation des plantes par les chimpanzés dans l’objectif de se soigner. « Cette question m’a fait passer du métier de vétérinaire pour lequel je me destinais à celui de chercheuse, et ça fait 30 ans pratiquement que j’essaye d’y répondre ! Dans certaines plantes, on a trouvé des molécules à activité anticancéreuse, ou luttant contre les parasites digestifs. Et donc pendant mes 3 années de thèse, j’ai pu travailler sur une vingtaine de plantes différentes, et montrer qu’il y avait non seulement des propriétés pharmacologiques, que les chimpanzés les utilisaient, et qu’après leur consommation, ils guérissaient. Cet enchaînement n’était pas si évident à identifier sur le terrain car les chimpanzés ne sont pas souvent malades et il faut pouvoir être proche d’eux pour les observer. Mais c’étaient déjà des bonnes pistes et surtout ça permettait de révéler des nouvelles molécules qui non seulement montraient que les chimpanzés se soignaient, mais aussi potentiellement pouvaient servir de médicaments aux humains si elles étaient synthétisées et développées. »

Michel BASSOMPIERRE au micro après la réalisation d’un gorille des plaines de l’Ouest en argile
« Moi j’ai pris l’habitude de me cacher dans mon atelier » dixit Michel BASSOMPIERRE
C’était, également et assurément, l’un des temps forts de la soirée. Le moment où tout d’un coup mais tout doucement, Michel BASSOMPIERRE, a posé son ustensile. Il venait de terminer son œuvre en direct. L’occasion pour le maître de cérémonie, Bruno LAVILATTE, de lui tendre le micro afin que des gestes il puisse passer à la parole : « Je dirais qu’à force d’étudier ces animaux, je suis devenu un ours. Ce n’est pas facile de parler pour un ours. Je ne sais pas si les oiseaux se cachent pour mourir, mais les ours se cachent pour vivre. Moi j’ai pris l’habitude de me cacher, de me cacher dans mon atelier. Je n’ai pas la recette, je ne suis qu’un vieil enfant qui continue à faire ses jouets depuis plus de 70 ans. L’artiste, lui, il crée quelque chose qui lui paraît beau. Quand j’étais aux Beaux-Arts, les professeurs me disaient toujours : « soyez sincère avec vous-même. Ce que vous faites, vous le faites pour vous, ne le faites jamais pour les autres. » Et je ne le fais jamais pour les autres, je fais quelque chose qui paraît beau à mes yeux. Donc, soyez toujours sincères avec vous-mêmes. Peut-être que l’humanité des animaux m’a consolé de la bestialité des humains, à un moment. Je dis toujours, ma sœur la plante et mon frère l’animal, on a plus ou moins les mêmes constituants donc on fait partie du même monde. Je ne sais pas si je suis écolo ou écologiste. Depuis que je suis adolescent, j’ai passé des nuits tout seul ou avec mes frangins en forêt. On aimait bien entendre la forêt s’endormir, avec des animaux qui se cachaient et d’autres qui se mettaient à marcher et la forêt se réveillait après. Donc j’ai vécu tout ça et j’ai une approche de la nature qui est finalement assez différente des citadins. J’ai cherché très rapidement le sauvage. Très vite la nature, c’est là que j’ai été mieux. Moi, c’est là que j’ai trouvé mon bonheur. Donc, je n’ai pas toujours les pieds sur terre, j’ai les yeux et les pieds dans la forêt », a philosophé Michel BASSOMPIERRE.
Toutes les recettes de la soirée reversées en faveur de l’association Sebitoli Chimpanzee Project
« On a tous les pieds dans la forêt » concluait Sabrina KRIEF. Des forêts que les associations Beauval Nature, HELP Congo et Sebitoli Chimpanzee Project protègent grâce aux dons et au mécénat pour permettre aux chimpanzés d’y vivre paisiblement. Toutes les recettes de la soirée ont été reversées à l’association Sebitoli Chimpanzee Project. Après un temps d’échange où quelques spectateurs ont pu poser leurs questions, Baptiste MULOT, directeur général de Beauval Nature, adressait ses remerciements aux invités, ainsi qu’aux participants venus si nombreux. Tous ont pu finalement partager un moment de convivialité autour d’un verre de l’amitié et du stand Beauval Nature avec des livres de Michel BASSOMPIERRE à dédicacer, des tee-shirts de l’association de Sabrina KRIEF et des magazines Beauval Nature.