La génétique des populations semi-captives : le cas surprenant de l’éléphant d’Asie
En savoir plus sur la génétique atypique des éléphants d’Asie vivant en semi-liberté tel est l’objet de l’étude du Dr Gilles Maurer, chercheur pour Beauval Nature et de ses collègues du CEFE* dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue Conservation genetics. Ils ont étudié la diversité génétique des éléphants du Laos et du Myanmar (anciennement Birmanie) qui vivent en semi-liberté. Il faut savoir que la domestication des espèces sauvages entraine généralement une perte de diversité génétique et une différentiation, voire une spéciation de l’espèce domestiquée vis-à-vis des populations sauvages. Or l’éléphant d’Asie est utilisé par l’Homme depuis plus de 4000 ans mais n’a jamais été sélectionné. La reproduction n’a jamais été contrôlée et dans certains pays comme le Laos et le Maynmar, la plupart des gestations de femelles domestiques sont dues à la saillie d’un mâle sauvage. Celles-ci sont en effet lâchées en forêt afin de favoriser la reproduction avec un individu vivant en milieu naturel.
Les chercheurs ont voulu vérifier l’impact de ce mode d’élevage traditionnel sur la génétique des éléphants vivant en semi-liberté et la comparer avec leurs cousins sauvages. 167 échantillons récoltés lors de visites médicales vétérinaires dans les deux pays ont été génotypés et analysés au CNRS à Montpellier. Les chercheurs ont constaté une faible différenciation génétique le long d’un gradient géographique allant du sud du Laos au nord du Myanmar, et aucune différence entre les populations sauvages et celles nées en captivité.
Les chercheurs rappellent le rôle positif que les éléphants semi-captifs peuvent jouer dans le maintien des flux génétiques pour des populations sauvages de plus en plus petites et isolées dans des zones forestières enclavées.
Découvrir le programme sur les éléphants d’Asie soutenu par Beauval Nature :
CEFE : Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive, CNRS Montpellier