Incendies en Australie : la biodiversité menacée comme jamais
Beauval s’engage et débloque un fonds d’urgence . Aidez-nous à aller encore plus loin
Depuis quatre mois, l’Australie lutte contre les pires incendies de son histoire. Ces feux de forêt, fréquents pendant l’été austral, atteignent en ce moment même des proportions titanesques et inédites. Un drame environnemental sans précédent dont les conséquences sont encore difficilement prévisibles.
Un incendie sans précédent
Depuis le mois de septembre, plusieurs départs de feu ont eu lieu dans l’ouest de l’Australie. Au fil des mois, d’autres incendies de forêt ont démarré dans le centre et ont aujourd’hui atteint l’est du pays, dans l’état le plus peuplé d’Australie : La Nouvelle-Galles du Sud.
Ce gigantesque brasier est composé de 110 feux, encore en activité, dont plus de la moitié est impossible à contenir à l’heure actuelle. Cette catastrophe, surnommée “Le Monstre” par les australiens, fait atteindre des pics de chaleurs allant jusqu’à 48,9 degrés à Sydney. Les flammes sont si intenses que les interventions aériennes organisées par les sapeurs pompiers ont dû être suspendues.
Au 6 janvier, on dénombrait 6 millions d’hectares de forêts brûlées. Soit plus du double des dégâts causés par les incendies de la forêt amazonienne en août 2019. Cela représente une superficie égale à deux fois celle de la Belgique.
En plus des dégâts sur l’environnement, cette catastrophe est également matérielle et sanitaire. Près de 2 000 propriétés ont été détruites par les flammes, des milliers de personnes ont dû être évacuées et l’on dénombre déjà 24 victimes.
La fumée provenant des incendies entraîne également une pollution de l’air extrêmement élevée, causant de nombreuses consultations en urgences respiratoires en Nouvelle-Galles du Sud. Ces retombées, couplées aux nombreux foyers d’incendie, menacent également la biodiversité australienne.
1,25 milliard d’animaux déjà décimés
La biodiversité de l’Australie est exceptionnelle. Grâce à l’isolement géographique du continent, la faune et la flore qui se sont développées là-bas l’ont fait de manière unique. Ainsi, plus de 80% des espèces australiennes y sont endémiques, c’est à dire qu’elles n’existent nulle part ailleurs. Autre particularité, ce pays est également celui où vivent le plus de reptiles au monde !
Malheureusement, les incendies récents menacent cette biodiversité unique. Des forêts entières ont déjà été réduites en cendres. L’Université de Sydney estime, dans une étude récente, que près de 480 millions d’animaux auraient déjà péri dans les flammes en Nouvelle-Galles du Sud depuis le mois de septembre. Une estimation “optimiste”, qui ne prend pas en compte les insectes et autres amphibiens. Le bilan final et national pourrait être plus important encore. Les responsables de cette étude évoquent une estimation à près de 1,25 milliard d’animaux disparus dans l’ensemble du pays, insectes et amphibiens inclus.
Lors d’une Interview au journal l’Express, Rodolphe Delord, PDG du ZooParc de Beauval et président de l’AFdPZ déclarait : “Ces incendies vont créer un déséquilibre dans la faune extrêmement préoccupant. Les oiseaux vont par exemple aller nicher dans d’autres régions, ce qui créé des perturbations dans l’écosystème. Tout cela aura un impact à long terme, qui peut être définitif pour certaines espèces.”
Plusieurs chercheurs s’accordent à dire que ce feu de forêt géant pourrait contribuer à l’extinction de certaines espèces, sans nécessairement en être la cause principale. Pour des animaux déjà menacés, comme les koalas, un incendie d’une telle ampleur pourrait faire office de “coup de grâce”.
Le “coup de grâce” pour les koalas
En Nouvelle-Galles du Sud, on estime la perte des koalas à près d’un tiers de la population de l’état. Le parc national de Flinders Chase, abritant kangourous, ornithorynques et koalas, a lui été presque entièrement détruit.
Le réchauffement climatique, l’urbanisation et l’extension des terres agricoles avaient déjà fragilisés et segmentés les habitats naturels des koalas. Près de 50% des koalas a disparu ces 20 dernières années. Ces incendies ont accéléré le processus et les pertes s’élèveraient déjà à près de 10% de la population restante.
Tout espoir n’est cependant pas perdu pour les koalas et les animaux qui vivent à leurs côtés. En effet, pour ne reprendre que l’exemple de ces marsupiaux, l’extinction a déjà été frôlée. La chasse pour la fourrure avait réduit drastiquement leurs populations. Les koalas sont également, et depuis longtemps, victimes de maladies, comme le rétrovirus du koala (KoVR) ou la Chlamydiose. Malgré ces fortes baisses de population, grâce à la mobilisation des associations et la mise en place d’actions de sauvegarde, l’espèce reste présente dans de nombreuses régions australiennes.
Grâce au travail des associations et des parcs zoologiques, la biodiversité peut encore se réinstaller et les espèces aujourd’hui au bord de l’extinction (Cacatoès de Latham, Potoroo à longs pieds, Dasyorne brun, écureuils volants…) pourraient avoir une chance de repartir. À condition, bien sûr, que d’autres incendies ne se déclarent pas aux mêmes endroits dans les semaines à venir et que les décisions politiques, une fois cette catastrophe passée, aillent dans le sens de la protection de la biodiversité. A condition que les ONG de protection puissent agir sur le terrain…
Beauval s’engage
Dès maintenant, l’Australie a besoin de tous les soutiens possibles.
Le docteur Baptiste Mulot, chef vétérinaire de Beauval et Vet Advisor de l’EEP des koalas (responsable Vétérinaire du programme de conservation européen des koalas), est entré en contact avec nos partenaires australiens (soigneurs, chercheurs en université, programmes de conservation…) afin de connaître leurs besoins réels sur le terrain.
L’urgence est, pour le moment, au soutien financier. Parmi tous nos partenaires, nous nous sommes tournés vers la Taronga Conservation Society Australia, du zoo de Sydney, qui a lancé un appel aux dons afin de financer les associations et acteurs locaux qu’ils sélectionnent au fur et à mesure des besoins. Taronga et le zoo de Sydney sont les plus à même de connaître sur le terrain les réelles nécessités et besoins d’action : luttes pour la survie des espèces, reconstruction d’habitats dévastés, plantations… les actions concrètes sur le terrain sont urgentes et nombreuses !
La direction du ZooParc de Beauval a débloqué un fond d’urgence de 50 000€ qui est immédiatement versé à cette association de conservation, Taronga.
Mais l’engagement de Beauval ne s’arrête pas là. L’association Beauval Nature, dont le rôle est la conservation des espèces, la protection de la biodiversité et la recherche (50 programmes de conservation soutenus pour un budget d’un million d’euros annuel) lance dès aujourd’hui une campagne exceptionnelle de collecte de dons, qui iront eux aussi à l’association du Zoo de Taronga, en plus des 50 000 € donnés par le ZooParc de Beauval.
Beauval Nature doublera les dons collectés. Pour tout euro récolté auprès du public lors de cette campagne exceptionnelle, Beauval Nature s’engage à abonder en doublant la somme, jusqu’à 25 000€.
Si vous souhaitez, vous aussi, aider l’Australie et sa faune à se relever du désastre, vous pouvez donner via Beauval Nature en suivant le lien ci-dessous. Partagez-le sur vos réseaux sociaux ! On peut se sentir désarmé devant l’ampleur d’une telle catastrophe, mais même un petit don compte.
Votre don est défiscalisable. Par exemple, si vous donnez 10€, votre don ne vous coûtera que 3.40€ après remise fiscale.
Exemple : 50€ pourrait aider à financer les soins d’urgence pour les koalas secourus touchés par les feux de brousse, et 150€ pourraient aider à restaurer l’habitat essentiel du koala.
Pourquoi l’Australie brûle-t-elle ?
Les feux de forêts sont un phénomène récurrent et normal en Australie. Tous les ans, lors de l’été austral de tels phénomènes ont lieu, et font partie du cycle naturel de ces terres. Néanmoins “Le Monstre” est d’une ampleur sans précédent. Plusieurs facteurs environnementaux entrent en compte et peuvent expliquer l’intensité des récents départs de feu.
- La sécheresse de la végétation en principal facteur
- La multiplication des épisodes caniculaires en Australie, probable conséquence du réchauffement climatique
- Des températures record supérieures à 40°C. De nouveaux pics de chaleur sont d’ailleurs attendus
- La déforestation, causée par l’urbanisation et l’exploitation minière, depuis la colonisation en 1788 par les européens
- La présence, en conséquence des incendies, de nuages “cracheurs de feu”, les pyrocumulonimbus